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« Je ne vois que sa face, et le reste est secret,
Caché sous d’autres peaux très minces. L’on dirait
Qu’elle a peur de se montrer nue.
Son minois provoquant offusque ma pudeur,
Et le poil emprunté couronnant sa laideur
Forme une touffe saugrenue.


« Dans ses rotondités elle n’a que du vent ;
On trouverait bien peu de chose en soulevant
Son accoutrement ridicule.
Un si maigre fretin ne peut te régaler,
Et tu ne voudrais pas, même pour l’avaler,
De ce malingre animalcule. »


Et tous deux à la fois : « O profanation,
Abomination et désolation !
Quoi ! quand on voit ces pauvres êtres
Sans os, ni poils, ni chairs, sans muscles et sans dents,
On ose proclamer qu’ils sont nos descendants
Et que nous sommes leurs ancêtres ! »



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