Page:Monnier - Les Contes populaires en Italie, 1880.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CONTES POPULAIRES EN ITALIE
67

Et l’horloge, plus hautaine encore que lui :

— Tic tac, tic tac, tic tac. — Celui qui court pieds nus sur les rasoirs — tôt ou tard y perd sa semelle (sa peau.)

Vient après le pauvre affligé à jeun, nu, malade de la tête aux pieds :

— Ô horloge, horloge, quand auront à finir ces misères ? Dis-moi, par charité, la mort quand viendra-t-elle ?

Et l’horloge toujours de la même façon :

— Tictac, tic tac, tictac. — Aux malheureux et aux disgraciés — souvent sont destinés plus de jours.

Et ainsi toute sorte de gens venaient voir cette horloge merveilleuse et tous lui parlaient, et elle donnait réponse à chacun. C’était elle qui savait dire quand venait l’hiver et quand venait l’été, savait dire quand il faisait jour et à quelle heure finissait la journée, savait dire combien les gens avaient d’années, depuis combien de temps était fait le pays ; en somme c’était une horloge machine, une horloge sans égale, car il n’était chose qu’elle ne sût dire. Chacun l’aurait voulue en sa maison, mais nul ne la pouvait avoir, car elle était enchantée, aussi se rongeait-on inutilement, mais tous, ou voulant ou ne voulant pas, ou en cachette ou à haute voix, avaient à louer le vieux maître barbier qui avait su faire cette horloge prodigieuse et l’avait su faire pour cheminer toujours, et nul ne la pouvait démonter ou arrêter, hormis le maître qui l’avait faite.

Et qui l’a dit ce conte et qui l’a fait dire — ne puisse jamais mourir de male mort.

Cette histoire a été écrite par M. Salomone-Marino sous la dictée d’une femme du peuple, nommée