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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

qu’ils voulaient savoir. Venait le paysan fatigué et amer, car il avait besoin d’eau pour ses semailles et voyait encore fermées les portes du ciel. Et l’horloge répondait (en vers) :

— Tic tac, tic tac, tic tac. — Tant que je serai rouge, — l’eau ne doit pas venir, et le domaine est à moi. — En tonnant, en tonnant, — s’il ne pleut pas cet an-ci, — il pleuvra l’autre.

Venait le pauvre vieux, appuyé sur son bâton, pris par l’asthme au point qu’il n’en pouvait plus, et il demandait :

— Ô horloge, horloge, dis-moi, y a-t-il beaucoup d’huile à ma lampe ?

Et l’horloge aussitôt :

— Tic tac, tic tac, tic tac. — De soixante à septante, — l’huile s’écoule dans la lampe. — Après l’an septante un, — la mèche seule s’allume péniblement.

Venait le garçon féru d’amour, galant et pimpant, tout battant neuf, riant, faisant bombance, et s’avançant vers l’horloge :

— Horloge, dis-moi, y a-t-il quelqu’un qui vogue plus heureux que moi au royaume d’amour ?

Et l’horloge alors :

— Tic tac, tic tac, tic tac. — Ce roi n’a pas de jugement ; — aujourd’hui heureux, demain dans l’abîme ; — aujourd’hui faisant figure, — demain dans le tombeau.

Vient et vient le malandrin de première classe, le chef camorriste de la vicaria (prison,) tout houppe et toupet, tout boutons et bagues, et en mâchant ses paroles il dit :

— À toi, horloge ! quel potentat y a-t-il qui puisse s’affranchir des mains que voilà ? Je serais homme à te couper la route à toi-même.