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CONTES POPULAIRES EN ITALIE
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de domestiques, moi bien traitée de tous ; il n’y en a pas de plus heureuse au monde.

— Bien ! bien ! fit le père.

Et le bonhomme va rapporter la nouvelle aux sœurs aînées qui voudraient bien aller voir aussi tout ce bonheur ; mais c’est impossible, l’injonction est formelle : le chevalier a permis les visites du père, mais du père seul. Si on le priait bien de laisser revenir leur sœur une fois, une seule fois dans leur maison, les aînées seraient bien heureuses ! Le chevalier y consent, mais une seule fois. Et voilà la cadette reçue par ses sœurs avec toute sorte de cérémonies, et les questions de pleuvoir, comme on peut le penser. Comment est le visage du mari ? C’est la question capitale. La mariée fut bien forcée d’avouer qu’elle ne l’avait point vu. La grande sœur lui dit alors :

— Écoute ce que tu as à faire, prends cette chandelle de cire que je t’apporte, et puis, quand il sera couché et qu’il dormira, tu l’allumeras et tu regarderas bien le visage de ton mari, et après tu sauras bien nous dire comment il est.

Cette proposition de la sœur n’était pas faite de bonne foi, c’était l’effet de l’envie… La cadette comprit bien que c’était pour lui faire perdre la fortune, mais toutes deux firent tant et si bien, que la plus jeune fut persuadée et promit de faire ce qu’elles disaient. La jeune sœur est ramenée chez son mari, rentre dans sa chambre, se couche le soir, attend qu’il vienne, et, quand il est venu, demeure éveillée, attendant qu’il dorme, et, quand il dort, allume la chandelle de cire et se met à le regarder. Et plus elle le regarde, plus elle l’admire.

— Oh ! comme il est beau ! que j’ai donc un beau jeune homme !