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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

gent. Les sœurs aînées battirent encore la cadette.

Ici nouvelle scène de famille, exhibition du chou qui met les grandes sœurs en colère, puis de l’argent qui les apaise ; elles courent acheter des vivres et l’on soupe gaîment. Après souper, le père révèle à ses filles la rencontre qu’il a faite.

— J’ai trouvé la fortune de marier la plus petite avec un chevalier qui lui donnera des domestiques.

En entendant ceci, les grandes sœurs se mirent à pleurer, mais d’envie, bien qu’elles disent que c’était par amour. Bast ! le père dit à la cadette de ses filles qu’elle avait trouvée la fortune, pourvu qu’elle voulût aller avec lui près d’un cavalier qui l’attendait. Elle dit que oui, et, contente d’être délivrée de ses sœurs, elle prit congé d’elles et s’en alla. Le père la remit au chevalier, qui donna au père un sac d’écus, et lui permit de l’aller voir seul quand il voudrait en lui ordonnant de ne jamais amener avec lui ses grandes filles. Les domestiques firent monter la cadette dans la maison, et lui consignèrent sa chambre à la condition pourtant qu’elle n’en sortirait jamais, et jamais n’ouvrirait la porte de la chambre qui était en face.

— Va bien, répondit-elle, je ne l’ouvrirai pas. Le soir, comme elle était couchée et qu’elle s’endormait seule et dans l’obscurité, son mari vint se mettre près d’elle. Le mari avait un système de ne jamais laisser voir son visage, il n’allait donc près d’elle que la nuit, quand il faisait noir. Elle le comprit et ne s’en inquiéta pas. Le mari se mit aussi à dormir. Le lendemain, le père alla voir sa fille et lui demanda.

— Comment te trouves-tu ? es-tu bien ?

— Oh ! répondit elle, je suis comme une petite reine : moi riche, moi joyeuse, moi servie par tant