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CONTES POPULAIRES EN ITALIE
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tons, le diable se leva (car l’animal était diable) ; eux se couchèrent, et lui, l’animal, alla prendre une très-grosse pierre, la mit devant la grotte, prit un fer très-grand, pointu, pointu, le fit rougir au feu et l’enfila dans le cou du plus grand des moines, il le brûla, et voulut le manger en compagnie du petit.

— Je ne veux pas manger, je n’ai plus faim, dit le petit.

— Lève-toi, sans quoi je te tue.

Le pauvret transi de peur se leva, se mit à table ; il prenait, le pauvret, un petit morceau, il faisait semblant de le manger et le jetait à terre.

— Marie ! je n’ai plus faim, bien vrai.

À la nuit, le bon chrétien (lu bonientu) prend le fer, le réchauffe et le lui plante (à l’animal) dans les yeux, et les yeux lui jaillirent dehors.

— Ah ! que tu me tues !

Le bon chrétien se blottit de peur dans la laine des moutons ; l’animal à tâtons va ôter la pierre de la grotte et en sort tous les moutons un à un. Vint le mouton où était le bon chrétien, et le bon chrétien n’y était plus (dans la grotte). Il s’en alla à Trapani, en mer. Il y avait à Trapani toutes les barques et les marins. Il dit :

— Faites-moi mettre là dedans, et je vous en tiendrai compte.

— Il se mit dans une barque, l’animal alla pour le repêcher, et les marins firent courir la barque (à toutes rames). Tandis qu’il court (le moinillon), il prend une pierre dans sa poitrine, et lui (l’animal), qui était aveugle, tomba et se cassa la tête. Le Moinillon s’enfuit, et l’animal resta là.

Et l’histoire est finie.