et ceci même entre illettrés, par d’insaisissables transmissions que la police ne pouvait réprimer ni prévenir.
Un rispetto sicilien dit qu’un garçon alla se confesser au pape d’aimer une femme éperdument.
— Si c’est comme cela, répond le pape, sois pardonné ; par pénitence, aime-la encore davantage.
La même idée se retrouve dans des chansons populaires de Toscane, du Piémont, de Ligurie, de Vérone et de Milan, seulement il y a des variantes : dans la chanson génoise, le pape prononce, sans trop de rigueur, cet arrêt : « que ce n’est pas un péché d’aimer, pourvu que la fille soit belle. »
À Milan, c’est au curé qu’on s’adresse : « Si c’est péché, répond-il, que ce soit péché (peccato sia), ma mère l’a fait aussi. » Voilà qui nous ramène à la pointe gauloise :
Eh ! mes petits enfants, pourquoi,
Si j’ai fait comme ma grand’mère.
Ne feriez-vous pas comme moi ?
Béranger connaissait-il le couplet milanais lorsqu’il écrivit ces trois vers, ou n’est-ce pas plutôt qu’il y a dans l’air certaines idées qui viennent à tout le monde ? Ces rencontres si fréquentes entre les poètes populaires dans les contes patois de la Péninsule ont donné naissance à une thèse ingénieuse de M. Vittorio Imbriani. Ce jeune écrivain a fait un cours à l’université de Naples sur « l’organisme poétique de la poésie populaire italienne, » où il a tâché de prouver que les Italiens, comme tous les autres peuples, eurent une épopée commune, primitive et populaire, dont la partie narrative s’est en quelque sorte disjointe et a disparu. Il n’en est resté que des fragments lyriques qui, arrondis par le