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LA BELLE OSTESSINA. — UN CONTE ITALIEN, UNE LETTRE DE PAUL-LOUIS COURIER ET UNE NOUVELLE DE LA REINE DE NAVARRE.
LA BELLE OSTESSINA

Il y avait une fois (je ne me souviens plus où) une hôtesse qui était très-belle, si bien qu’elle avait un grand renom et que tous couraient à son auberge, sinon pour autre chose, au moins pour la curiosité de la voir et de lui parler. L’hôtesse avait une fille qui, en devenant grande, passa peu à peu sa mère en grâce et en beauté ; quand cette fille eût dix-huit ans, on ne pouvait lui comparer aucune autre femme. Aussi les gens qui allaient à l’auberge en foule n’y allaient plus pour la mère, mais pour la fille, qu’on appelait la belle ostessina (petite hôtesse,) pour la distinguer.

C’est un vice des femmes, surtout quand elles commencent à vieillir, de porter envie aux jeunes gens : ainsi advint à l’hôtesse. Son enfant lui devint une épine dans les yeux,’ et elle ne pouvait la souffrir autour d’elle ; et tant crut sa haine et sa rage