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CONTES POPULAIRES EN ITALIE
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hutte et je sais une bergerie, venez avec moi. Vite vite, l’un derrière l’autre, ils sont arrivés à la bergerie.

— Grâce de Dieu et vive Marie ! pouvez-vous nous donner un asile pour cette nuit ? Nous sommes de pauvres pèlerins et morts de faim.

— Grâce de Dieu et vive Marie ! répondirent le maître berger et la bergère, et sans faire un pas vers eux, ils leur montrèrent la hutte où ils les envoyèrent coucher. Ils étaient en train de pétrir la pâte, mais donner à manger à treize en risquant de rester, eux, la panse vide, ils n’y tenaient pas du tout. Le pauvre Maître et ses apôtres allèrent se coucher sans dire un mot. Survint une bande de voleurs qui entrèrent en poussant des jurons et tombèrent à tour de bras sur la bergère et sur le maître berger. Ceux-ci, en criant miséricorde, ont pris la fuite illico (illichi-illichi.) Les voleurs nettoyèrent la bergerie en un clin d’œil, après quoi ils allèrent à la hutte.

— Tous debout ! Qui est là ?

— Nous sommes, dit saint Pierre, treize pauvres pèlerins fatigués et affamés, car ceux de la bergerie nous ont traités comme des chiens, sans même nous dire : « Il y a ici une chaise. »

— Si c’est comme cela, venez, la pâte est encore intacte : rassasiez-vous à la barbe de ces mauvaises gens, car nous allons suivre notre chemin.

Les malheureux, qui avaient une faim de loup (allupatizzi), ne se le firent pas dire deux fois et se mirent à table.

— Bénis soient les voleurs ! dit saint Pierre, car ils pensent aux pauvres affamés plus que les riches.

— Bénis soient les voleurs ! dirent les apôtres, et ils se remplirent gaîment la panse.