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XIV
LES CONTES TOSCANS — LE DIALECTE — LES TROIS AMIS — LE LOUP ET l’ÉCREVISSE - LA NOUVELLE DU SOMMEIL — MANFANE, FANFANE ET ZUFILO.


Nous allons maintenant en Toscane, et notre tâche devient plus facile : le toscan, c’est à peu près de l’italien. Nous disons à peu près, c’est le mot juste. Nous avons cru longtemps sur la foi de Manzoni que les nourrices florentines pouvaient donner des leçons de grammaire aux académiciens de la Crusca ; cependant la prononciation populaire est défectueuse, même aux bords de l’Arno : les initiales des mots sortent avec des gros soupirs, telle consonne manque à l’appel ou se fait remplacer par une autre ; un plébéien du Marché Vieux vous dira : Hate vo fatta la tal chosa au lieu de : Avete voi fatta la tal cosa ? À force d’aspiration le dialecte de Florence et de Pise (beaucoup moins que ceux de Sienne et de Pistole) paraissent aussi haletants, aussi essoufflés que l’allemand. De là le proverbe qu’on répète à satiété : langue toscane dans une bouche romaine. Ce dicton est doublement inexact : dans le peuple, qui est seul en cause, la bouche romaine a de mauvaises habi-