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XII
LA SIBYLLE DE NOTO — LA RELIGION DU VENDREDI — LES DÉVOTIONS JOVIALES — LE PATER-NOSTER D’UN LAZZARONE.



Sur les sorcières qui jouent un rôle important dans les contes italiens, nous avons des renseignements plus précis encore qui nous sont fournis par un écrivain élégant et sensé ; M. Mattio di Martino. Il se trouva un jour à Noto (en Sicile) au milieu d’un groupe sémillant de jeunes paysannes qui toutes eurent quelque histoire fantastique à lui raconter. Mais comme il faisait l’esprit fort, il souleva contre lui toute la bande bourdonnant comme un véritable essaim de mouches ! Une sorcière avouée, authentique, vint à lui, la tête haute et, avec un air d’importance et de capacité, se mit à défendre ce qu’elle appelait sa science. Le lendemain matin, devant sa porte, notre auteur aperçut un morceau d’étoffe où se trouvaient piquées quantité d’épingles : il comprit que c’était quelque mauvais tour de la sorcière qui voulait le punir de son incrédulité. Le soir, il revit le groupe de paysannes qui s’enfuirent à toutes jambes en voyant le chiffon hérissé