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» La poésie a son vertige ;
Elle n’est pas le pur amour.
Mais ce monde qui nous afflige
Dans l’ombre conserve un prestige
Qui doit nous consoler un jour.

» Sur notre terre d’espérance
Tout est grand, excepté l’orgueil.
Ah ! dans les jours de la souffrance
Vivons d’amour et de silence ;
Ne publions pas notre deuil !

» Dans la vallée il est des charmes
Qui nous consolent de l’oubli.
On y répand d’intimes larmes ;
Loin de la gloire et des alarmes,
Là, chaque jour est mieux rempli.

» Là, nous dansons sous le feuillage,
Dans les nuits calmes de l’été ;
Et quand survient le vent d’orage
Sous les pins, sous le roc sauvage,
Chacun de nous est abrité.

» Nous ne sortons de la retraite
De ce val ombreux et désert,
Que pour sauver de la tempête