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Et les rocs de la pente, entr’ouverts ou rompus,
La cascade écrasée entre les pins barbus,
Et les vents de l’abîme et les flots du feuillage,
L’applaudissaient au loin à son sanglant passage.
Sous la brume il se plonge, et le voilà, gisant
Dans l’herbe des vallons · · · · · · · · · · · · · · ·
Voyez, sur ces gazons le vent qui la parfume
Soulève enfin son ame aux traits aériens,
Et la berce amoureuse en la nuit des sapins.
Les voici ! les voici ! Nature, du silence !
Des sylphes du vallon la ronde recommence ;
Réveillant leur poète avec un léger bruit,
Ils mêlent ce doux chant à la paix de la nuit.

« Ô jeunesse ! voilà ton rêve !
Voilà ton rêve de grandeur !
La foi le nourrit et l’élève,
Puis dans les regrets il s’achève,
En retombant de sa hauteur.

» C’est que la foi n’a pas des ailes
Pour nous arracher d’ici-bas ;
C’est que les cités éternelles
Aux ames fières et rebelles
Loin du monde ne s’ouvrent pas.