Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les dômes souriants des monts inférieurs,
Où rampent les bosquets des rosages en fleurs.
Dans l’or voilé des cieux, la paix des rêveries
Rayonnait au sommet de ces hautes prairies ;
Et le vent vif et pur des glaciers d’alentour,
Ravissant des parfums à ces déserts d’amour,
Errait sur les gazons. Plus haut, du pin sauvage
Fatigué de gravir par delà le nuage,
La grande pyramide aux flancs secs, dépouillés,
À l’abîme éperdu tend ses bras éraillés.
Pour eux, ils vont toujours. L’horizon s’ouvre immense,
Il se gonfle, il se perd, et toujours recommence ;
Confus, inépuisable, il s’enfuit, reculant
L’orageuse étendue au flot étincelant.
Et les monts sur les monts s’accumulent sans cesse ;
Le haut plateau succède au plateau qui s’abaisse,
Bordant de ces créneaux lugubres, désolés,
Les horizons de neige au clair azur mêlés.
Le glacier, qui se roule en vagues cristallines,
Allume aux feux du jour ses verdâtres collines.
Un vent glacé se lève, et du subtil chasseur
Le manteau dans les cieux palpite avec fureur.
Leur visage pâlit, et se ride à la bise.
N’importe. Ils vont encor. La sommité s’aiguise,
Le roc pyramidal s’effile sous leurs pas ;
Et, de ses flancs neigeux, s’ils regardent en bas,