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Il sort des bois l’œil pétillant
Et, plus haut, longe sur la côte
Le torrent des monts désolés,
Qui dans les pins maigres, pelés,
Rebondit, s’écrase et ressaute…
Au chêne rampant et tordu
Voyez comme il s’est suspendu.
Et voici les rochers sublimes,
Labyrinthes où par degrés
Les sentiers moussus, colorés
Se dévident sur les abîmes.
Il voit de là les monts neigeux
Et les hauts vallons nuageux,
Puis il entend les cornemuses
Des chevriers libres et fiers,
Perdus dans la pâleur des airs
Par dessus les plaines confuses !
Si libre et fier est son essor
Qu’à grand’peine il peut voir encor
Des châteaux les hautes façades
Reluire dans l’abîme obscur,
Et fumer aux plaines d’azur
Les silencieuses bourgades.
Il monte encor, malheur à lui !
Du fond des vallons, aujourd’hui