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Oui, nos bois et nos cieux sauraient bien m’enchanter,
Mais c’est l’ame et Dieu seuls que l’homme doit chanter.
Hélas ! qu’est le présent pour une ame immortelle ?
On n’étanche sa soif qu’à la source éternelle.
Faut-il pour nous remplir le vague de l’espoir,
Et ces grands horizons qu’on ne fait qu’entrevoir ?
De mon siècle géant l’ame est plus sérieuse :
Il lui faut une voix forte et religieuse,
Une main de martyr, qui puisse, dans nos maux,
Tracer le nom du Christ aux plis de nos drapeaux.
Pleurs, amour inquiet, vague espoir qui l’enflamme,
Cri de l’éternité qui retentit dans l’ame,
Pressentiment, écho de la voix de son Dieu,
Qui jamais ne se lasse et l’appelle en tout lieu :
Voilà d’un chant mortel la plus noble mesure……
Laisse à l’oiseau des bois à fêter la nature :
Il chante mieux que nous le monde d’ici-bas !
C’est sa seule patrie !………………………


Et si, triste et rêveur, passant les bois, les plaines,
Les rochers buissonneux qu’ornent les croix lointaines1,
Tu t’arrêtes un soir sur ce roc colossal,
Où l’azur s’assombrit autour d’un froid cristal ;
Si ton regard, perdu sur les neiges des cimes,