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Et les cités de glace où morne, sans murmure,
L’Hiver pose ses pieds dans la fraîche verdure,
Le couvent où la sainte a caché son amour,
Et la noire forêt que surmonte une tour,
Et les bergers en cercle autour de leur chaudière,
Quand le toit du chalet tremble au bruit du tonnerre,
À l’heure où, s’échangeant de longs éclats de voix,
Ils travaillent leur jatte et leur cuiller de bois…
Mais ma muse a banni ces molles habitudes :
Voici les jours d’oubli, l’heure des lassitudes !


Que j’erre au bord des lacs, où du long peuplier
La feuille qui jaunit danse sur le gravier,
Que je demande un rêve aux derniers jours d’automne,
En écoutant leur voix plaintive et monotone,
Que j’entende, accoudé sur les ais d’un vieux pont,
Tonner dans les sapins le flot tiède et profond,
Lorsqu’un ciel floconneux, aux bizarres images,
Teint l’écume des eaux du bronze des nuages ;
Que je suive, à grands pas, du maigre chevrier
La caravane blanche aux buissons du sentier,
Quand l’aube sur les rocs monte pâle et timide,
Et du lointain clocher blanchit la pyramide,
À l’heure où solitaire un cheval montagnard