Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ailleurs, il veut retourner à ces montagnes d’où le ciel s’ouvre mieux et où l’abîme voilé

« Montre à défaut d’espoir son vague et bleu néant. »


Mais ce sont là des cris passagers, et ce même morceau de l’Alouette se termine d’après une autre leçon d’une manière bien différente :

« Oh ! n’embrassons pas tant d’espace,
Jeunes esprits, joyeux oiseaux,
Car les cieux même ont des tombeaux
Pour qui nourrit trop son audace ! »


D’ailleurs, l’esprit général de sa poésie proteste contre une interprétation semblable. Le ciel dont parle la Foi d’Enfance n’est-il pas le ciel chrétien ? et l’idée du Poème des Alpes, son œuvre capitale, n’est-elle pas précisément que la poésie n’est pas encore ce pur amour qui seul ne conduit pas à un abîme ?

Il résulte de tout ceci que les sentiments de Monneron le portent bien réellement

« Vers le pauvre fils de Marie,
Vers l’époux de la terre en deuil,
Qui pose la lampe de vie
Dans le mystère du cercueil. »

Il possède donc la vérité ; mais alors d’où vient ce caractère maladif qui est si fort empreint sur son œuvre ? Pourquoi la