sidérait comme un désaccord passager au milieu de l’harmonie éternelle.
L’harmonie ! nous saisissons le mot au passage : c’est le nom propre de cette vie supérieure à laquelle croyait Monneron ; c’est l’idée centrale de son œuvre. Peut-être aussi est-ce le mot suprême de toute poésie ?
Ce monde n’a de réalité propre, de vérité que par les liens qui le rattachent au monde supérieur. C’est un monde sans attraits, où, selon son expression,
« L’avenir n’est qu’espoir, le passé que regrets ! »
C’est là-haut seulement que l’ame, rendue à elle-même, jettera
sa note d’amour dans l’hymne universel. L’ame, ce n’est pour lui
« Qu’une idée échappée à la ronde immortelle. »
Mais elle doit la rejoindre ; elle doit être renouée à cette chaîne
céleste, et l’heure viendra où n’y aura plus rien qui « détonne »
dans l’harmonie. Alors,
« Sur la Sion des cieux, le Temps, lugubre oiseau,
S’abattra pour toujours, et dans ce jour nouveau
Les voyageurs lassés que cette terre ennuie
Iront se reposer au seuil d’une autre vie. »
Voilà le but où il aspire avec toutes choses, avec la nature