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été imposé par le Créateur comme les membres de notre corps ? La conscience est-elle un souvenir, un remords, ou bien un organe dont on nous ait doués ? Si c’est un organe, que ferons-nous du péché, ce frère aîné de la conscience ? Serait-ce peut-être un organe aussi ?

Mais il n’importe. Ces idées, nous le répétons, ne sont pas pour notre poète le résultat d’une spéculation philosophique. S’il a philosophé, et il l’a fait souvent, (il s’en ressent parfois), c’est dans leur propre intérêt, c’est en les posant comme point de départ. Qu’on nous pardonne si nous insistons sur ce fait ; il est nécessaire pour donner à Monneron sa vraie figure. Nous en avons la preuve dans tous ses vers et dans le témoignage de ses amis : « Ce monde premier et dernier, nous dit M. Olivier, notre ami n’y croyait pas seulement, il le cherchait. Il le poursuivait et il en était poursuivi. Ses plus intimes efforts tendaient à le ressaisir par la pensée et à l’exprimer dans ses vers… Il semblait habiter un double monde, celui-ci et un autre, celui de tous et le sien.[1] » Aussi c’est bien comme dans un lieu d’exil que Monneron a vécu sur la terre. Il la con-

  1. Nous empruntons cette citation à un travail inédit de M. Olivier sur Frédéric Monneron. Ce morceau remarquable nous a été très-utile ; et nous regrettons infiniment que des raisons majeures ne nous aient pas permis de le publier en tête de ce volume.