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et, comme le dit Monneron dans une lettre : « la poésie ne s’abjure pas. »

Cette vie suprême, il la ressaisit à la fois par le souvenir et par l’espérance. Par le souvenir ! cette idée n’est peut-être accessible qu’aux ames habituées à lire dans leurs plus intimes profondeurs, et pour lesquelles une sorte de recueillement mystique n’est pas totalement étranger ; mais elle n’en est pas moins nécessaire pour comprendre Monneron. Ce n’est pas une spéculation de son intelligence, c’est un sentiment dont il est plein, une partie de son être et de sa vie. Cet accord qu’il recherche sans cesse, il l’a rencontré quelque part ; cette patrie dont l’image le remplit, il en a été citoyen, et, s’il est exilé, ce n’est que pour un temps et depuis un temps. Ce qui l’atteste, c’est une souvenance vague peut-être, mais ineffaçable. Aussi ne sépare-t-il point le souvenir de l’espoir. Il nous le dit lui-même :

« Le plus vieux souvenir, la plus jeune espérance
Sont deux frères jumeaux, aux pas silencieux,
Qui se mirent dans l’âme en marchant dans les cieux. »

De fait, cette donnée me paraît aussi rationnelle que profonde. N’est-elle pas plus belle, plus poétique, plus chrétienne que la fameuse doctrine des idées innées ? Ce besoin du ciel est-il un soupir, un regret de l’ame, ou bien nous a-t-il