Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ritable importance. Il était naturel que ce genre étranger, quoique si riche et si profondément poétique, prît naissance sur un sol qui touche à l’Allemagne, et où son influence se combine heureusement avec l’influence française.

Sous le rapport de l’unité vivante, de l’organisme complet, ce morceau paraîtra bien remarquable, si l’on songe que nous en possédons seulement un premier jet écrit au courant de la plume. Il a des taches, mais ce sont des ombres qui se jouent à la superficie ; regardez un peu plus profond, et vous verrez un courant très-limpide. Le poète a été cette fois parfaitement au clair avec lui-même ; le dessin est ferme, et toutes les lignes concourent à former un ensemble. Au commencement la main a tremblé ; mais elle ne tarde pas à se raffermir ; et ce poème serait un véritable chef-d’œuvre, s’il avait été seulement revu.

Quant à la poésie intitulée : À Vous, elle est accomplie de fond et de forme. Le caractère musical dont nous avons parlé s’y trouve de la façon la plus pleine, la plus parfaite, la plus dégagée d’éléments étrangers. On dirait un soupir arraché par le vent du soir à une harpe éolienne, un de ces soupirs pareils à ceux dont parle Musset,

« Profonds comme le ciel et purs comme les flots. »

Considéré à ce point de vue, le Poème des Alpes qui, par sa longueur du moins, est le morceau le plus important, n’est pas