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« Que j’entende, accoudé sur les ais d’un vieux pont,
Tonner dans les sapins le flot tiède et profond,
Lorsqu’un ciel floconneux, aux bizarres images,
Teint l’écume des eaux du bronze des nuages ;
Que je suive, à grands pas, du maigre chevrier
La caravane blanche aux buissons du sentier,
Quand l’aube, sur les rocs, monte pâle et timide,
Et du lointain clocher blanchit la pyramide,
À l’heure où, solitaire, un cheval montagnard
Broute sa touffe d’herbe au-dessus du brouillard,
Et fait crier ses fers sur la roche esquilleuse…
À toute heure, en tout lieu, etc.… »

La manière dont tous ces traits sont liés n’est peut-être pas parfaite ; mais chacun, pris à part, n’est-il pas d’un pittoresque et d’une vérité admirables ? N’est-ce pas la nature prise sur le fait ?

Mais en général la description de Monneron ressemble davantage aux deux couplets que nous avons cités plus haut, ou bien encore à ceux-ci :

« Je me compris peut-être en cet instant si pur
Où la terre est brouillard, où le ciel est d’azur ;
Peut-être dans ces nuits de tristesse et de rêve,
Où la lune et les flots, endormis sur la grève,
Font soupirer leur ange aux paupières d’argent,
J’aurai compris mon être immortel et changeant.
Quand la brise d’automne hérisse le feuillage
Du bois, contre lequel s’appuie un blanc village,