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» Lorsque le crépuscule entr’ouvre aux bords lointains
Du musical éther les portes nuageuses,
Alors, avec les vents, les âmes voyageuses
Vont chercher d’autres cieux dans leurs vols incertains. »

Voilà le type de sa manière. L’infini semble s’ouvrir devant nous.

Toutefois l’élément opposé ne lui est pas totalement étranger, et lui-même nous montre dans une lettre combien il sentait la nécessité de soigner davantage le dessin :

« Je commence, dit-il, à être au clair sur ce que doit être la description en poésie ; j’ai pris de l’effroi pour les minuties du coloris et en général pour la description moderne, où l’on devine toujours plus les ambitions du peintre que les intentions du poète. Je ne voudrais presque que du blanc et du noir, et un dessin sobre, large, antique, où la mémoire et l’imagination du lecteur fussent toujours bien à l’aise. »

Cette lettre appartient aux derniers temps de sa vie, et il est facile de voir qu’il n’a pas eu dès l’abord cet idéal devant les yeux. Cependant il lui arrive parfois de tracer une ligne rapide dont le contour est infiniment pittoresque, et qui, d’un seul trait, donne à l’objet qu’il veut peindre sa forme et sa couleur. Sous ce rapport le morceau intitulé les Préludes est très-remarquable. Nous ne citerons que ces vers :