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Avec les moyens de la poésie, ils recherchent les effets de la musique ; ils se saisissent de l’imagination du lecteur, et la bercent dans les espaces infinis. Leur élément c’est le vague, l’illimité, et, s’ils sont obligés de saisir le pinceau, ils répandent à profusion la couleur, et négligent volontiers le dessin.

Ces deux extrêmes ne sont pas sans péril, surtout le second ; mais entre deux il y a une foule d’intermédiaires où ces éléments opposés se combinent de mille façons. La perfection serait d’occuper le milieu, et de les posséder l’un et l’autre ; en sorte que Pascal aurait eu raison, en littérature comme en morale, quand il a dit : « On ne montre pas sa grandeur par être en une extrémité, mais en touchant les deux à la fois et remplissant tout l’entre-deux. » Malheureusement l’homme est faible ; il penche toujours d’un côté ou de l’autre. Peut-être est-ce à un poète véritablement chrétien qu’il doit appartenir de réaliser cet idéal. N’est-ce pas le christianisme seul, en effet, qui a pu le faire en morale ?

En tout cas, Monneron penche aussi, et c’est du côté de Lamartine :

« Quand sur les champs du soir la brume étend ses voiles,
Lorsque, pour mieux rêver, la nuit, au vol errant,
Sur le pâle horizon détache en soupirant
Une ceinture d’or de sa robe d’étoiles ;