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Par ce côté déjà, la poésie de Monneron est très-originale ; mais il est temps de le pénétrer plus à fond.

Monneron est avant tout poète lyrique. La corde épique ne lui est cependant pas totalement étrangère ; mais il n’a essayé de la faire vibrer que dans ses premiers morceaux. Dès que ses hautes facultés se furent éveillées, il voulut tout saisir, tout embrasser, et il ne produisit qu’un amas indigeste. C’est l’histoire de l’enfance de tous les hommes et de tous les peuples. Quelques portions de Davel et le fragment intitulé le Banquet sont tout ce que nous avons admis dans ce volume de ces premiers essais. On verra par ce morceau du Banquet que, si le poète ne se possède pas encore lui-même, il a déjà cependant de hautes inspirations. C’est Hercule qui veut porter le ciel ; mais il est trop jeune pour un si noble fardeau.

C’est donc comme lyrique que Monneron se présente à nous. De plus, il est de ceux qu’il faut ranger dans la classe des musiciens. Il y a en effet deux espèces de poètes lyriques : les uns, et c’est le cas de Béranger, sont armés d’un crayon plutôt que d’une lyre. Le trait leur suffit, et cependant il y a dans leurs tableaux premier et second plan ; une scène se passe sous nos yeux, tandis que le lointain est habilement ménagé. Ils appuient sur le dessin, et sont très-sobres de couleurs. D’autres, et c’est le cas de Lamartine, peuvent nous dire :

« Je chantais mes amis comme l’homme respire. »