Aux parvis de Sion vint s’éteindre sans bruit.
À ce dernier effort, tombé de lassitude,
Lentement il reprit sa première attitude.
Et puis, interrogeant chaque mort à son tour,
Il s’en vint demander l’avis d’un troubadour.
« Ah ! » dit cet amoureux, qui pleurait une amie
Pour laquelle il avait sacrifié sa vie,
« Pour qui saurait aimer, ciel ! quel affreux tourment
» Mon esprit en délire invente en ce moment !
» Vois-tu, » disait l’amant, du doigt montrant au diable
L’abîme tout fumant, l’abîme infranchissable,
Où, par delà l’espace, un matin frais et pur
Rayonnait de fort loin dans des plaines d’azur,
« Suppose à l’horizon ton amante elle-même
» Qui te tend les deux bras en te criant : Je t’aime !
» Et toi vis-à-vis d’elle !… Éternité d’amour ! »
— « Eh bien, depuis l’enfer je lui ferais la cour,
» Je dirais des douceurs, » ricana le génie.
D’un rire général la sauvage harmonie
Accueillit le plaisant, et l’amère gaîté
Du monde que jadis ils avaient habité
Réveilla chez les uns d’antiques souvenances.
Hélas ! et quelques-uns, oubliant leurs souffrances,
S’entretenaient entr’eux des beaux jours d’autrefois,
Des bals, des longs festins, des nocturnes exploits.
Un seul, près de son verre accoudé, sans rien dire,
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