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Là, j’aurai pour flambeaux les murmurants mystères
Des abîmes voilés… pour mes seules prières
L’hymne sourd qu’entonna leur bouche de géant…
Puis, à défaut d’espoir, leur vague et bleu néant ! »
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C’est ainsi qu’il chantait, et la voile sifflante
Fuyait du frais Léman la rive nonchalante.
Aux feux dorés du soir, ses regards soucieux
Sous la vague sondaient le bleu chemin des cieux.
Docile amour des airs, la voile ondule et plie.
À l’horizon du lac, dans leur mélancolie,
Les Alpes et les cieux rougissent tour-à-tour,
S’entretenant au loin d’un mutuel amour.


De la brillante nuit, messagère plaintive,
Une vague indolente expirait sur la rive,
Comme un signe d’adieu, sur les sables du bord
Secouant de son eau les fraîches perles d’or.
Plus blanche était l’écume, et les rives plus noires…
Et les longs peupliers au bout des promontoires,
Se berçant dans leur rêve, au souffle frais et pur,
Mariaient leur feuillage aux pâleurs de l’azur.
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