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tère des grandes forêts, les horizons vaporeux qui semblent cacher des retraites où l’imagination s’élance. Ce n’est pas là le caractère des Alpes. Le calme qui repose sur les pentes de leurs vallons est plus riant ; la tristesse de leurs vastes sommités est plus jeune, plus forte, plus poignante. Celui qui rêve pour tromper son ennui ne saurait les aimer, car elles sont l’image du génie, qui se tourmente à combler l’espace entre la terre et le ciel, sans se lasser de ses efforts impuissants. C’est ainsi que Monneron les comprend, et il se montre en cela plus grand poète que Rousseau, plus jeune que Chateaubriand, plus complet qu’Obermann. Il nous décrit tour-à-tour les gazons de la vallée, que la joyeuse ronde des sylphes incline sous ses pas, et les cimes désertes qui s’entassent les unes sur les autres, et montent sans cesse

« Aux bords toujours plus froids d’un ciel toujours plus pur. »


Tout ceci est admirablement peint dans le poème des Alpes. Monneron, car c’est bien son histoire qu’il y raconte, s’exile de la plaine et va chercher sur la montagne la force, l’espérance et la foi ; mais il n’y trouve que des hauteurs glacées. Le poème se termine par ce cri d’une âme déçue :

« La poésie a son vertige,
Elle n’est pas le pur amour. »