Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rêvant à son pays, aux amis de la veille.
Il croit voir ses soldats, découverts, à genoux,
Prier pour la patrie, et ce rêve était doux.
Mais prends garde, Davel, que ton cœur ne s’y fie ;
Ah ! qu’il faut retrancher aux rêves de la vie !
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Pour fêter son retour, il voyait au village
Ses nièces préparer son pain et son laitage.
Seulement, à l’écart (il ne savait pourquoi),
Tandis qu’il conversait sans trouble et sans effroi,
Isaline et Marie essuyaient quelques larmes,
Et ce songe indiscret avait pour lui des charmes.

Mais au bruit de leurs pas le guerrier s’éveilla.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Les sylphes souriants qui sous ses yeux passaient
Dans un rayon du jour doucement s’effaçaient.
Ainsi le ver luisant qui resplendit dans l’ombre,
Aux lueurs des flambeaux se ternit, pâle et sombre.
Ainsi les doux secrets qui descendent du ciel
Sur les ailes des nuits, pour l’ame du mortel,
Se perdent au grand jour. · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Mais Davel de son cœur bannit ces rêves d’or ;
C’est à la liberté qu’il veut songer encor.