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La retraite a sonné !… Déjà, par intervalles,
Brillent quelques lueurs aux fenêtres des salles.
Voyez, dans le conseil, ces ombres s’allonger,
Et sur les lambris blancs sans bruit se prolonger !
Ils jurent aux Bernois entière obéissance ;
Car il n’est pas venu, le jour de délivrance.
— Dans la nuit qui s’étend au fond des corridors,
J’entends, pauvre Davel, de sinistres accords.

Ainsi, quand vient l’orage aux forêts, aux prairies,
Sont des vents et des eaux les vagues causeries ;
Ou bien, quand vient l’hiver, on entend quelquefois
Le feuillage frémir sur l’océan des bois.
Mais déjà tout s’éteint ; les fontaines des villes
Livrent aux vents le bruit de leurs ondes mobiles ;
Aux murs de la Cité le brouillard redescend.
Adieu, major Davel, plus d’un traître t’attend.

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Un trompeur adoptant pour mot d’ordre : patrie,
À son joyeux banquet aujourd’hui le convie.
Là, la mort remplira sa coupe en souriant.
Mais Davel est Vaudois !… il n’est pas défiant…
À la table d’un hôte il se place sans crainte ;
Davel est trop loyal pour soupçonner la feinte !