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Se berçant doucement sur sa vieille escabelle.
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Mais Davel frémissant levait ses grands yeux bleus
Vers les sombres vitraux, où l’étoile des cieux
Peignait son œil d’argent. Il croyait, vaine attente !
De notre liberté voir l’étoile éclatante ;
Espoir bientôt déçu. Comme un nuage noir
Parfois laisse échapper sur les neiges, le soir,
Un reflet velouté de lune, en temps d’orage,
Qui brille et disparaît sous les plis du nuage.
Mais le major Davel, sur la table accoudé,
À quelque grand projet paraissant décidé,
Le poing fermé, la lèvre à demi contractée,
Couvait notre avenir dans son ame exaltée.
— « Vous me semblez, Davel, rêveur, silencieux.
» Craignez-vous pour vos ceps quelques vents orageux ?
» Le silence des nuits dans cette solitude
» Peut-être vous remplit le cœur d’inquiétude ?
» Mais demain nos amis fêtent mon nouveau-né ;
» À mon banquet Davel sera plus fortuné.
— « Non, non, je dois partir, il ne faut plus m’attendre.
— « En vérité, major, je ne puis vous comprendre !
— « J’ai reçu du Conseil quelques ordres secrets ;
» Demain, reprit Davel, mes soldats seront prêts.
— « Sonne-t-on sur le Rhin la cloche des alarmes ?
» Les hommes de Glaris ont-ils repris leurs armes ? »