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Car c’est le repentir d’avoir aimé trop peu,
Qui, de l’exil, vers vous la rappelle angoissée,
Comme une ombre sortant de sa tombe glacée,
Surprise par la mort sans avoir fait d’adieu.

Non ! je n’ai pu comprendre et votre ame et la terre
Que de loin, quand les ans sont venus tout finir,
Et mon cœur n’a fleuri qu’autour du souvenir,
Comme autour du tombeau l’églantier solitaire.

Ces jours où ma jeunesse a fait souffrir les cœurs,
Je n’en pourrai gémir que seul avec moi-même,
Alors qu’il n’est plus temps de dire à ceux qu’on aime :
« À genoux, me voici ! pardonnez-moi vos pleurs. »

Ainsi, c’est le passé, c’est la fuite des choses,
Le souvenir des maux qu’on ne peut réparer,
Qui m’évoquent vers vous, quand la nuit vient errer
Sur le large horizon, parmi l’or ou les roses.