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Sont deux frères jumeaux aux pas silencieux
Qui se mirent dans l’ame en marchant dans les cieux.
Aussi l’homme souvent, sur les bords de sa route,
Pose un doigt sur sa lèvre, et souvent il écoute
S’il n’entend pas venir quelque réalité !…
Mais tout n’est qu’un soupir du vent d’éternité.
Qu’il poursuive sa route et monte la colline ;
Là, s’ouvre un horizon où la croix s’illumine ;
Là sur les flots pressés de l’immense océan
L’amour lui tend les bras. Par delà l’ouragan,
Loin, dans les profondeurs de la plage éternelle,
Dieu nous réserve encore une enfance nouvelle.
Ainsi, relève-toi ; poursuis ton long chemin ;
Tâche bien d’éviter le vent froid du ravin,
Et puis le jour viendra qu’à sa forte parole
Dieu fera de Sion scintiller la coupole !
Sur son dôme doré le temps, lugubre oiseau,
S’abattra pour jamais, et dans ce jour nouveau
Les voyageurs lassés, que cette terre ennuie,
Viendront se reposer au seuil d’une autre vie.


Adieu, fille du ciel, sous tes crêpes voilée !
Je dégage mon front de ta robe étoilée ;
Il faut fuir ! déjà l’aube aux longs cheveux épars
Illumine à demi les franges des brouillards.