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» Oh ! n’entendrai-je pas de voix mélancolique
Se bercer dans les airs, murmurer sous l’ormeau,
Au pied des vieilles tours, dans l’ombre fantastique
De l’églantier, qu’un vent fait vaciller sur l’eau ?

» La nuit n’a-t-elle point tes secrets à m’apprendre ?
Sur les ailes des vents, sur ce nuage noir,
Ne te verrai-je pas une fois redescendre,
Pour me dire, je t’aime, et m’embrasser un soir ?

» Mon regard abusé voit ta taille légère
Glisser sous les sapins et puis s’évanouir ;
J’entends au loin tes pas qui froissent la bruyère.
Songe vain ! dont mon cœur n’ose se réjouir.

» Lorsque tes pas foulaient l’herbe de nos prairies
J’allais auprès de toi rêver à nos amours ;
Et nous passions le temps en douces causeries,
Près de ce grand rocher qui scintille toujours.

» L’hiver auprès de l’âtre, assise vers ton père,
Tu lui faisais conter les récits d’autrefois ;
Ou bien vous écoutiez une voix solitaire
Qui murmurait là-bas, sous les neiges des bois.

» Alors le bon vieillard, prenant ta main tremblante,
Sur toi laissait tomber ses pleurs silencieux :