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laissons juger le public ; il nous est, avant tout, précieux comme souvenir : c’est un monument d’une époque passée sans retour, mais qui fut chère à tous les amis de la patrie vaudoise. C’est sous ce point de vue que nous aimons à le considérer, et nous l’adressons d’abord à ceux qui ont connu Monneron, et aux anciens membres de la société de Zofingen. C’est donc un public restreint, un cercle intime, que nous avons en vue. Nous ne tenons pas à ce que ce recueil fasse bruit : la fleur de poésie qui s’est épanouie au pied de nos Alpes, n’a été que plus fraîche pour grandir à l’ombre.

Si nous avions un but plus ambitieux, si nous pensions, en rassemblant ces morceaux épars, donner un poète de plus à la littérature française, nous chercherions à faire connaître Fréderic Monneron, et, pour donner en quelque sorte un corps à sa pensée, nous commencerions par raconter sa vie ; mais pour des lecteurs dont un bon nombre l’ont connu, la chose aurait peu d’importance, et d’ailleurs, sa vie est avant tout dans sa pensée. Nous ne ferons donc ici que présenter quelques idées sur le talent de notre poète.

Monneron se distingue, au premier coup-d’œil, par une individualité très-forte. Les influences extérieures eurent peu de prise sur lui. Le témoignage de ses amis confirme ce fait, qui, du reste, ressort de ses poésies. On nous dit qu’il était fort