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Adieu ! là-bas, si quelque ami t’oublie,
Pauvre exilé, souviens-toi de mes pleurs.

Au loin les cieux ont des clartés sereines ;
Leur tendre amour t’y fait un avenir.
Vas, comme ici, là-bas, traîner tes chaînes,
Aimant beaucoup pour ne pas trop souffrir.
Et dans la nuit, quand naîtra ton étoile,
L’ame attentive à ses blanches lueurs,
Au vent natal tu livreras ta voile,
Et sur ces bords tu sécheras tes pleurs.

Pars, n’attends pas, délaisse nos rivages ;
Contre le cœur, l’espace est impuissant.
L’amitié, forte au travers des orages,
Plus nettement articule son chant.
Oh ! dans quel rire a-t-on pu se comprendre ?
Les saints amours sont fils de nos douleurs.
Joyeux élans doivent se désapprendre ;
Le ciel toujours se ressouvient des pleurs.