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l’on venait de descendre son cercueil dans la fosse : « Il chercha le cœur de Dieu ; il aima son Sauveur, et il en fut aimé. »

Puis ce fut le tour d’Adolphe Lèbre. Ami intime de Durand et de Monneron, nous avions reporté sur lui nos espérances déçues. De fortes études, une ame fervente, une imagination très-riche, une parole émue, tous ces dons, toutes ces fleurs promettaient de beaux fruits. Déjà quelques articles signés de son nom avaient paru dans le Semeur et dans la Revue des deux Mondes, et l’avaient mis au rang des meilleurs écrivains de ces recueils distingués, quand une cruelle maladie l’emporta comme les autres.

Enfin, et pour compléter toutes ces pertes, Vinet nous fut retiré au moment où il semblait le plus mûr pour de grandes œuvres. Homme de bien, il porta dans son ame le flambeau du génie avec le flambeau de la foi. Son regard devançait l’avenir ; il l’évoquait dans sa pensée ; il le préparait par ses écrits ; mais, au milieu de ses travaux et de sa gloire, il fut toujours plus grand par son humilité que par son génie.

Avec Monneron, Lèbre et Durand, nous avons perdu l’espérance de voir cette vie littéraire dont nous avons joui quelque temps, se continuer parmi nous ; avec Vinet, nous avons perdu celui qui en était le centre et le plus ferme soutien. Aussi ce petit volume n’a pas seulement une valeur littéraire dont nous