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» Sur la terre je dois descendre ce matin ;
» Tu franchiras les airs dans mon char argentin. »
L’ame entoura du vent la taille svelte et pure,
Et s’enfuit avec lui dans l’immense verdure…
Elle y leva des flots, vagues, harmonieux.
Puis, devenant rosée au doux rayon des cieux,
Elle tomba soudain, perle fraîche et discrète,
Sous l’ombrage des bois, dans une violette.

Rosée, amour des fleurs ! fraîche larme du ciel,
Éclose d’un baiser des vents et d’Ariel !
Larme plus fraîche encor que des songes d’enfance,
De ce barde tu fus la nouvelle existence !
Surpris par l’air du soir, il était déjà mort,
Et la belle nature eut son dernier accord.
Les anges de la nuit qui l’ont pris sur la grève,
Dans les cieux pour toujours ont prolongé son rêve.


23 avril 1835.