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Où ne monte jamais aucun bruit de la terre…
« D’où viens-tu ? » demanda le Seigneur radieux.
— « J’ai perdu mon amour, et je cherche les cieux, »
Dit-il, en secouant les larmes de son aile ;
» Là-bas, je n’entends plus ton hymne solennelle,
» Ni les doux souvenirs dont l’ange triste et beau
» Endormait autrefois mon enfance au berceau.
» Dans le profond azur mon œil ne sait plus lire
» Ces livres infinis où s’empreint ton sourire.
» Et moi, qui pris ma source en ton éternité,
» De ton beau souvenir je fus déshérité. »

Elle dit. À ces mots chantaient les chœurs des anges,
Mêlant à leurs soupirs d’ineffables louanges.
Sous leurs voiles légers, ils pleuraient à genoux ;
Mais la harpe du Christ leur répondit à tous :
» Il est vers mon beau ciel d’étroites avenues,
» Des sentiers détournés, des routes inconnues
» Qu’explorent vers le soir de rares exilés.
» Ils chantent leurs destins, qui leur restent voilés.
» Leur astre est une larme, et leur foi la souffrance ;
» Mais leur chant de regrets est presque une espérance…
» Allez de celui-ci finir le triste sort ;
» Préparez le départ du poète qui dort… »
— « Suis-moi, dit à cette ame un sylphe au frais visage,
(Le plus léger des vents dont se plaint le feuillage),