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Pleurez, jeune ouvrier. Dans la nuit souterraine
Le vent du ciel apporte un parfum de printemps ;
L’air est bleu, l’air est frais ; mais, hélas ! dans la plaine
Les premières amours ne durent pas longtemps !

Pour un nouvel hymen, l’airain dans la chapelle
Chante son hymne aérien :
La blonde Éléonore aurait été fidèle ;
Mais un comte a reçu sa main.
La foule qui s’empresse à l’église s’étonne
De voir pâlir un front si beau
Sous les fleurs de l’hymen, comme si la couronne
Eût mieux fleuri dans le tombeau.

Creusez, jeune ouvrier. Dans la nuit souterraine
Le vent du ciel apporte un parfum de printemps ;
L’air est bleu, l’air est frais ; mais oubliez la plaine :
Les premières amours n’y durent pas longtemps.

Un soir, rêveuse et pâle, Éléonore assise
Berçait le fruit de son amour.
Et le comte lui dit : « Permettez que je lise
» La seule aventure du jour :
» Dans la mine prochaine, aujourd’hui l’on publie
» Qu’un roc a croulé par malheur.
» Mais l’on m’a rassuré. Nul n’a perdu la vie,
» Excepté Robert le Mineur. »