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style, qui prouve que l’auteur est évidemment une favorite des Muses.

Mais je m’égare en m’attardant à faire ressortir des avantages plutôt d’origine étrangère. Ce ne sont pas ceux auxquels l’auteur tient le plus.

Le Canada est sa patrie d’adoption. Son livre est bien nôtre : il est né sur les bords du Saint-Laurent, il est d’inspiration toute canadienne. Bien plus, en l’écrivant notre jeune et délicate romancière a voulu faire un acte de réparation ; elle a voulu faire oublier cet écrivain qui, en retour de notre hospitalité nous paya jadis d’esquisses satiriques et qui, sous prétexte d’écrire un roman vécu, mit au jour un simple pamphlet où les qualités littéraires étaient loin de racheter la malveillance des intentions.

Rose de Provence, elle, nous a compris, elle nous a surtout aimés. L’héroïne et les héros si sympathiques de « Cœur Magnanime » ne sont pas tirés de quelque lointaine contrée, ni de quelque légende du Moyen Age. L’auteur n’a pas cru se tromper en choisissant ses types de magnanimité parmi vous, chères lectrices canadiennes, en faisant son admirable héroïne une de vos sœurs ; elle s’est rendu compte que le sang qui coule dans les veines de notre race, est celui des enfants de cette vieille France auxquels les actes d’héroïsme étaient devenus presque habituels sur les rives Laurentiennes. C’est par ce parfum de terroir que l’ouvrage est attachant.

Ce sera maintenant à vous, lectrices amies, de justifier Rose de Provence ; de lui prouver que, en vous idéalisant sous les formes agréables de la fiction, elle n’a pas trop présumé de votre générosité, qu’elle a bien décrit les sentiments réels de vos cœurs.