Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
CŒUR MAGNANIME

a baptisés « Oreste et Pylade »… Sans nul doute que je ne tarderai pas à avoir mon surnom, je m’y attends…

Nous causons beaucoup du Canada et des… canadiennes. Je ne pouvais faire autrement que de leur parler de toi. Tu sais l’adage, ma jolie : « La bouche parle de l’abondance du cœur », et le mien qui est tout plein de toi, ne peut se taire… Le terrible Figuière se met soudain à dire : « Nous devrions bien épouser des canadiennes, on les dit si jolies… qu’en dis-tu, père Tranquille ? » mon pieux ami n’a point répondu ; mais il a eu un certain sourire qui m’a confirmé dans mon idée à son sujet et que mes camarades partagent avec moi.

Papa et Maman vont être contents de me savoir en si bonne compagnie. C’est une erreur de croire que Paris est un danger pour la foi et la vertu des nôtres. Se perd qui veut. Il y a dans la capitale un nombre incalculable d’œuvres préservatrices et pour toutes les conditions. Des zélateurs vont au devant des nouveaux venus pour les introduire dans leurs confréries. J’ai ici toutes les ressources de la religion et je continue mes devoirs de chrétien aussi librement qu’à Québec. Les étudiants catholiques sont groupés en une association et ils s’occupent spécialement de la visite des pauvres et des catéchismes.

Avec Aimé de Montaigu, le franc-comtois, j’enseigne les principaux éléments de notre religion aux ouvriers et aux jeunes apprentis de Ménilmontant et je visite également les indigents de ce quartier ; tu vois que mon temps est bien employé.

Je t’envoie le respectueux salut de mes amis, y compris celui de l’austère Montaigu, il faut qu’il t’estime pour me charger d’un tel message…