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CŒUR MAGNANIME

J’ai dit au docteur Décugnier combien papa l’avait en haute considération et combien il admirait son savoir. Il a souri et m’a répondu : « Votre excellent père me surpasse en science et en vertu. C’est un « vrai Canadien », n’est-ce pas. Je ne puis rien vous souhaiter de meilleur, mon cher enfant, que de lui ressembler, car c’est un beau caractère. »

Nous avons beaucoup parlé du Canada ; il m’a longuement questionné sur nos mœurs et nos coutumes. « Quel vaillant peuple que le peuple canadien — a-t-il ajouté ému — comme il a su défendre ses droits et sauvegarder sa langue et sa foi ! Cette vaillance fait présager un glorieux avenir. »

L’entretien s’est terminé sur mes études, et il m’a interrogé très minutieusement ; ensuite il m’a proposé de me faire admettre comme interne à l’hôpital Lariboisière, où il est médecin en chef : je serai donc au nombre de ses élèves. Il m’a invité à dîner chez lui pour la semaine prochaine et il me présentera ce jour-là à quelques-uns de mes futurs camarades.

J’entre à Lariboisière vers la fin du mois prochain. Les braves Muller sont navrés que je les quitte si tôt ; pour les consoler je leur ai promis de passer auprès d’eux la plupart de mes congés.

Il est temps que je m’arrête ; j’ai tant à te dire que je remplirais des pages et des pages ! Allons, je me résigne à laisser reposer ma plume, mais pour la reprendre bientôt.

Aimons-nous toujours, ma bien-aimée, pense à ton Rodrigue qui, lui, ne peut penser à autre chose qu’à toi.

Rodrigue.