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CŒUR MAGNANIME

mon humble personne et vous tous qui m’êtes si chers ! Au revoir, ma toujours aimée, oui, au revoir. Dans cette joyeuse espérance je t’embrasse et je t’aime.

Ton Rodrigue.

P. S. — Transmets à nos bons serviteurs mon cordial souvenir. J’espère que Léocadie ne fulmine pas trop contre cet « enfer de Paris », qui ne semble pas posséder ses sympathies ; j’aime à penser qu’à cette heure elle ne doute plus de mon retour.

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Hélas ! oui, la vieille Léocadie persistait dans son doute ; elle était convaincue qu’on ne revenait pas quand on partait si loin ; aussi depuis le départ de Rodrigue monologuait-elle plus que d’habitude dans son domaine des bas-offices ; cependant elle ne confiait à personne ses craintes relatives au retour du jeune étudiant, elle se serait reprochée d’ébranler la confiance de son « idole » ; car avec sa finesse de femme elle avait percé le sentiment ardent et passionné qui s’était substitué à la simple affection fraternelle qui unissait autrefois les deux jeunes gens ; elle comprenait donc que le bonheur d’Anne-Marie était lié à ce retour. « Pourquoi détruire si tôt son beau rêve d’avenir, pensait-elle dans son solide bons sens. » Et la bonne vieille soupirait mais se taisait…

En effet la jeune fille avait foi en son fiancé et