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UNE ÂME DE PRÊTRE

VI


Le retour de l’excellent curé de Moustier fut accueilli par une joie délirante. Lui aussi était tout joyeux de se retrouver au milieu de ses chères ouailles, qui, à présent, il le sentait bien, ne formait plus avec lui qu’une âme et qu’un cœur.

Une douce consolation l’attendait au soir de la veille de Pâques : dans les deux premiers pénitents qui vinrent s’agenouiller à ses pieds il reconnut… l’aubergiste Figarol et sa fidèle « doublure » !

Le saint prêtre exultait. Il lui aurait fallu remonter bien loin pour retrouver un bonheur semblable à celui dont il jouissait à cette heure ; depuis le jour où, pour la première fois, l’âme débordante d’amour et d’allégresse, il avait gravi les marches du sanctuaire, il ne s’était pas senti si heureux.

Les cloches de Moustiers-Saint-Louis ne carillonnèrent jamais aussi joyeusement qu’en cette fête de Pâques de l’année 18…

À la suite de son Christ, la petite paroisse ressuscitait tout entière à la vie de la grâce. Cette complète résurrection était le prix de quinze années de prières, de souffrances et de larmes ; la lutte avait été longue et combien pénible ! le généreux athlète en était sorti blessé à mort, c’est vrai ; mais que lui importait puisqu’il était vainqueur !