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UNE ÂME DE PRÊTRE

IV


Un dimanche matin, à la sortie de la grand’messe, le tambour de Rampal, qui joignait à ses fonctions de garde-champêtre celle de crieur-public, assemblait sur la place de l’église toute la population de Moustiers-Saint-Louis. Après avoir donné lecture d’un arrêté de Monsieur le Maire, il avertissait, à l’épouvante générale, les habitants du hameau et des campagnes avoisinantes de se tenir en garde contre un chien atteint de l’hidrophobie. lequel avait été aperçu rôdant dans les environs. À l’annonce de cette terrifiante nouvelle le village se transforma aussitôt en un véritable désert. Pour ces braves gens accoutumés au grand air, cette rigoureuse claustration finissait par tourner au « carcere duro » ; aussi les premiers jours de frayeur passés, le hameau reprit peu à peu son aspect normal ; d’ailleurs, pensait-on, l’animal redouté devait, depuis le temps, être enfin abattu, et l’on n’y songea plus…

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C’était une belle matinée de Mars ; un printemps précoce attirait au dehors tous ceux que la maladie ou l’infirmité ne condamnait point à une réclusion forcée. La marmaille des deux sexes de Moustier-Saint-Louis évoluait, selon son habitude, sous les platanes séculaires.