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LA RANÇON

nu où, à la place des caresses maternelles, elle ne retrouvait qu’un père ivre-mort, la misère, la faim et des coups…

Lorsque, sous la douce figure de sœur Thérèse, la Charité accourut au secours de la petite blessée, il était temps ! Le farouche désespoir n’allait pas tarder à commencer son œuvre. Cette enfant de dix ans qui ne pouvait lever ses regards vers le ciel, qu’on lui disait être une « stupide superstition », et qui, en les abaissant sur la terre, n’y voyait qu’amertumes et souffrances, n’avait plus qu’un désir : mourir !

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Sœur Thérèse avait apporté dans sa nouvelle tâche tout le tact, l’intelligence et la bonté dont son esprit et son cœur étaient si largement pourvus.

Par le plus providentiel des miracles le vice n’avait pas même effleuré l’enfant. Cette consolante découverte fut le meilleur encouragement de la zélée éducatrice.

Ses efforts furent couronnés d’un succès au delà de ses espérances. Marie-Louise devint la plus chère conquête et la plus douce consolation de son laborieux apostolat.

* * *

La gamine de naguère était devenue une grande et ravissante jeune fille ; seule l’exquise candeur de son âme, qui se reflétait tout entière dans son limpide et doux regard, égalait sa beauté.

Plusieurs jeunes et honnêtes ouvriers d’alentour