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La Rançon


(Nouvelle)

« Ben sûr que j’vas « écoper » encore rentrée chez nous ; ais bah ! j’men secoue. Faut pas vous tourner « les sangs » comme ça, ma bonne sœur ; j’suis habituée aux taloches, elles pleurent chaque jour sur moi comme un vrai déluge, j’en reçois plus souvent que de la brioche, j’vous assure, et même, faut ben vous le dire, plus que du pain. Que voulez-vous ? vous y pouvez rien ; d’ailleurs à présent, j’men bats l’œil. »

L’enfant accentuait ses paroles d’un haussement d’épaules et d’un amer sourire.

La bonne sœur Thérèse écoutait, attristée, l’infortunée gamine et ne paraissait nullement effarouchée de son bizarre langage ; c’est qu’avant de diriger l’école maternelle du populeux quartier de Ménilmontant, la chère religieuse avait fait un long stage à l’hôpital militaire de la capitale, là, en continuel contact avec les braves troupiers, ses oreilles s’étaient forcément familiarisées avec l’argot et les grivoiseries des faubourgs. Ce qu’elle en avait entendu, la pure et sainte fille de Dieu ! Au début le rouge de la pudeur avait