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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

core se dévouer à ses chers chrétiens du Japon. Chaque conversion est pour lui le meilleur réconfort à toutes les privations et aux continuels sacrifices qui composent sa vie de missionnaire.

C’est une véritable fête au presbytère de la Bourine quand il arrive des nouvelles du cher missionnaire. Bertrande épie les rares moments, où M. le Curé n’est pas accaparé par son ministère, pour lui faire relire, souvent pour la deuxième fois, la dernière lettre reçue. Elle a retrouvé ses yeux d’antan et confectionne force bas et tricots pour les petits orphelins japonais dont un, écrit Benoit, a été baptisé sous son nom ; ce fidèle souvenir du missionnaire à son égard remplit de joie le cœur de la vieille fille.

Le vieux sculpteur n’a pas encore abandonné son ciseau, il compte cependant se fixer auprès de son fils pour mieux s’accoutumer à l’absence de son enfant d’adoption qui lui manque toujours !

La chère sœur Mélanie poursuit sur la terre étrangère son obscure mais admirable mission d’éducatrice de l’enfance. Malgré les tristesses de l’exil elle connaît encore des jours heureux : ce sont ceux où, avec un malicieux sourire, la bonne Mère supérieure lui remet une lettre timbrée de Tokio. La chère missive demeure tout le jour dissimulée sous la blanche guimpe afin de pouvoir, dans les courts moments de loisirs, la relire encore !

À la C… on ne se souvient plus de l’acte sacrilège du malheureux forgeron. Sa mémoire se trouve désormais confondue avec celle de sa pieuse et douce compagne.

Malgré l’effroyable tempête, que la haine satanique